samedi 15 octobre 2011

"Et pourquoi pas Mendoza?"

Tourmentée par Melancholia, le dernier film de Lars Von Trier téléchargé grâce notre connexion de fou, je peine à m’endormir et ne peux m’empêcher de penser à notre fin du monde à nous : ce 15 janvier, jour fatidique où nous allons immanquablement reprendre l’avion pour l’Europe, direction Poitiers … Retour à une vie terne et studieuse dans une ville désespérément animée par sa masse étudiante, il faut bien l’avouer. Je pense déjà à ces petites habitudes qui vont tant me manquer dans quelques mois : les medialunas que nous allons chercher tous les matins à la panaderia d’à côté, l’haleine encore fétide du réveil ; la délicieuse odeur de friture qui embaume la maison quand nos coloc’ se lancent dans leurs expérimentations culinaires ; les previas au Malbec ou au Trapiche (vins de production locale) avant les grosses soirées de La Plata qui ne commencent jamais vraiment avant une heure du matin ; nos TP de socio du mardi soir ou nous feignons d’avoir lu Bourdieu ou Foucault, nous, incultes de françaises ; ou encore le doux accent brésilien de notre « companero de casa » Mateu quand il nous dit, à toute occasion « a ver, a ver »…

Les cours finissant fin novembre, nous commençons à penser au  mois et demi que nous allons passer à crapahuter sur les chemins. Il y a tellement de choses à voir ici (à condition d’être motivé pour faire 20h de car au minimum)… au point d’avoir la tentation de choisir un des 4 points cardinaux à pile ou face (façon de parler bien sûr, la chose paraissant plutôt difficile) : la magnifique région de Salta, les chutes d’Iguazu que nous n’avons pas encore faites, les montagnes de Patagonie, ou les baleines de Puerto Madrin… A moins que nous n’allions nous faire dorer sur une plage en Uruguay, à deux heures de bateau de Buenos Aires ou faire un tour du côté du Brésil avec nos coloc’ voir Rio et Sau Paulo, ville d’origine de Tabata…  Ou comme d’hab, fidèle à la tradition, nous choisirons à l’arrache au dernier moment, comme pour notre semaine de vacance fin septembre. Es decir, le lendemain de notre anniversaire, à la veille du départ, peut être inspirées par la remise en état (peu concluante) de la maison et le défilé des voisins enragés, où nous sommes dit: « Et pourquoi pas Mendoza ? ».

Finalement nous avons pris un car le lendemain soir pour Cordoba (première étape de notre périple), ville réputée pour sa magnifique université datant du XVIIème siècle et pour ses innombrables églises. En compagnie de Blandine, notre aveyronnaise préférée, nous avons passées trois nuits dans un hostel fantôme de Cordoba (à part deux israeliens qui rôdaient dans la cuisine quand nous mangions notre soupe lyophilisée, pas un chat dans les parages). Très animée la journée, la ville semble endormie le soir, contrairement à tous les endroits que nous avons visité pour le moment en Argentine (peut-être n’étions nous pas dans les bons quartiers ?). Après deux jours à sillonner la ville en long en large et en travers, se traînant de cathédrales en églises jésuites, nous avons voulu voir un peu de verdure. Une heure de car, et nous étions à Jesus Maria, pueblo réputé pour ces estancias jesuisticas (ils étaient partout ceux là). Mais après deux heures de marche dans cette cuidad déserte ressemblant étrangement à l’image que je me fais des villes mexicaines minées par le narco-trafic , nous n’avions toujours pas trouvé ces foutues estances (cimer le guide GeoPlus)… avant de tomber ENFIN au détour d’un chemin sur un petit paradis perdu en pleine nature : un bel édifice de pierre blanche bordé d’un lac . Pour nous récompenser de nos peines, nous avons conclu le séjour en allant manger dans la soi-disante « meilleure-parilla-du-pays », et qui mérite bien sa réputation : j’ai même réussi à avaler (et à apprécier) du boudin noir et des riñones  (ne me demander pas quelle partie du corps c’est, je ne veux même pas le savoir) cuits au feu de bois.












Nous avons repris le car direction Mendoza (enfin !), LA cuidad del vino en Argentine. L’hostel n’avait rien à voir avec celui que nous venions de quitter : victime d’une véritable colonisation anglophone, l’établissement était plein d’australiens, de néerlandais et d’américains (imaginez mon désarroi compte tenu de mon niveau d’anglais…). Mendoza est une très belle ville : elle ne possède pas une architecture aussi riche que Cordoba, mais ces nombreuses plazas verdoyantes et pavées d’azulejos rattrapent largement ce handicap. De plus, la ville est au pied de la Cordillère des Andes, il y a donc mille choses à faire. Avec Vincent, Constantin, Margot et Alice venus grossir nos rangs, nous avons fait du trekking dans les montagnes andines, grimpé jusqu’à l’Aconcagua, point culminant près de la frontière chilienne, descendu le rio Mendoza en rafting (moment mémorable avec nos têtes de suppositoires et nos cris trahissant notre réputation d’aventurier)... Et bien évidemment, incontournable de l’incontournable, nous avons entrepris le Wine Bike Tour : tour des bodegas à vélo avec dégustation des vins régionaux à chaque étape… Ballade de campagne rendue d’autant plus agréable par Marcello, la bombe sexuelle aux yeux couleurs océan (j’en fais trop, vous pensez ?) qui nous servait de guide. Mais pas besoin de faire 2 heures de car pour aller voir la nature, car Mendoza est une ville « tout en 1 » : on y trouve le plus grand parc d’Amérique Latine, le « General San Martin Park » (une sorte de Central Park tropical) avec un grand lac et un zoo et une grande colline (parait-il, mais j’étais trop fatiguée pour y monter ce jour là).  Donc, Mendoza, étape vivement recommandée si vous passez dans la région. Ah oui, et dernière chose, vous y trouverez une immense « rue de la soif » avec tous les bars imaginables pour passez une soirée dionysiaque.  











Revenues dans notre bled depuis maintenant deux semaines, nous continuons de nous la couler douce (non c’est faux : nous avons eu notre premier partiel mercredi, les gars). Aujourd’hui lever 15h, ce soir Fiesta de Disfraces. Sur ce, j'ai la flemme de trouver une phrase un peu stylée pour finir mon article, donc je vous laisse sur votre fin. Salut.

mercredi 14 septembre 2011

Un montón de arroz !!

Dis donc, on aurait tendance à délaisser notre blog ( comme d'autres j'ai bien l'impression). Qu'à cela ne tienne !

Nous sommes désormais bien installées dans notre petite maison, avec trois charmants colloc arrivés il y a maintenant quelques semaines … Et quelle arrivée ! Dès le premier jour, il fallait absooooolument préparer une pendaison de crémaillère digne de ce nom ( même si l'on ne reste que quelques mois) … Ce qu'il y a de bien ici, c'est qu'en ne prévenant que quelques uns, le bouche à oreille se met de suite en place, et c'est ainsi que vous vous retrouvez avec … Environ 80 personnes chez vous ( dans la bien nommée « casa arco iris » : la maison arc en ciel, chaque pièce peinte d'une couleur différente). Ce fut une soirée MEMORABLE ! Il faut dire que l'ensemble de la communauté française de la Plata était là, sans compter la communauté brésilienne ! Car oui, nos colloc's sont brésiliens : il y a Tábata, originaire de São Paulo, tout comme Lucas . Tandis que Mathaeus vient de la région de Minas Gerais. Et je peux vous dire que l'on est vraiment bien tombées : ils sont toujours de bonne humeur, plein d'entrain ( surtout pour faire la fête), et, élément capital, Lucas cuisine le risotto à la perfection ! 

Nos colloc's : Tabata, Lucas y Mathaeus 



Agnès et Lucas un peu avant que notre pendaison de crémaillère ne commence ... 
Plus sérieusement, c'est un vrai plaisir de les avoir parmi nous ! Les garçons ont même réussi à me persuader de les accompagner à la salle de gym … C'était quelque chose, je peux vous le dire ! Nous avons fait une arrivée fracassante, moi en Bensimon, tee-shirt Rolling Stones ( merci Agnès), eux avec une motivation à l'exercice très … Approximative . Nous nous sommes donc retrouvés tous les trois à courir sur des tapis, en nous demandant ce que nous faisions là avec tous ces body buildés qui nous dévisageaient ouvertement ( en même temps, Lucas ne cessait de répéter qu'il s'ennuyait et qu'il avait faim). Le reste du temps, c'est Mr le coach en personne qui nous a pris en charge ( oui c'est le terme qui s'impose). Il nous a notamment montré différents exercices musculaires « que l'on pourrait faire gratuitement et à la maison » s'est empressé de me glisser Lucas . Bref : pas sûr qu'on y retourne de si tôt au Point G : oui, c'est le nom de la salle . Tout un programme …
Puisqu'il s'agit d'un blog sur notre voyage en Argentine, revenons à des choses plus essentielles . Comme ? Nos cours à la fac par exemple ! Eh bien ça y est, nous avons définitivement choisi nos cours . Pour nous deux, c'est l'Histoire qui prime ( à croire qu'on en avait pas eu assez).
Pour Agnès :
  • Histoire des mouvements sociaux en Amérique latine
  • Histoire sociale de l'Amérique latine ( si si : les deux matières sont différentes)
  • Sociologie de l'éducation ( avec du Bourdieu à la pelle) .

C'est pareil pour moi, sauf qu'à la place de la première matière, j'ai opté pour Histoire générale de l'Argentine ( avec tous les « STAPS » de la fac … Héhé).
Les cours sont intéressants dans l'ensemble . Agnès est désormais une véritable passionnée de criollos,latifundias,ferrocarril et autres termes barbares que l'on rencontre au fil de nos lectures .  Car en Argentine, on n'a peu ou pas de travaux à rendre, et nous ne sommes notées que lors des partiels ( il y en a deux ou trois dans chaque matières). Par contre, il y a une TONNE de textes à lire d'un cours sur l'autre . Et ça, j'ai eu un peu de mal à m'y faire . Je pensais tout naïve que je suis, qu'il ne s'agissait que de lectures optionnelles, pour occuper nos heures creuses . J'ai vite compris que sans avoir lu les textes, on ne pouvait quasiment rien comprendre au cours . Désormais avec Agnès ( qui elle est tout de même plus sérieuse que moi), on s'arme de fluo, de traducteurs, un peu de courage aussi, et on lit : un vrai marathon je vous dis !
Certains cours pourraient eux aussi, être qualifiés de marathon . Notamment ceux de 4h d'affilées, les lundi et mercredi soir, de 18h à 22h … Un autre rythme, définitivement. Bon, après on est a des week-end de quatre jours, faut savoir ce qu'on veut ! Eh oui : nous avons réussi à caser tous nos cours en trois jours … Ce qui nous a permis par exemple la semaine dernière d'aller faire un petit tour à Buenos Aires du samedi au dimanche avec au programme : baby-sitting de mon petit frère Santiago ( on a eu un peu de mal à s'en remettre avec Agnès), puis le soir pendaison de crémaillère chez des amis d'une amie française : Blandine au doux accent aveyronnais ( oui, eux aussi font des pendaisons de crémaillère dans leur appart qu'ils louent six mois) .
Pour nous remettre de tout ça, nous sommes allés nous balader à San Telmo, charmant quartier bohème de BA, pour faire la traditionnelle féria dominicale : il s'agit d'un immense marché, où l'on trouve à peu près tout : des sacs en cuir fait main, des bijoux artisanaux, des peintures et des photos de la ville, les traditionnels récipients à maté … Que de l'authentique on vous dis ! Eh bien qu'à cela ne tienne : la bordelaise et la havraise ont acheté … Des affiches de films américains ! Oui mais James Dean nous faisait les yeux doux … Comment résister ?
Bon, j'étais censée lire un texte sur le populisme radical et les élites conservatrices de 1912 à 1930 … Je culpabilise d'autant plus qu'Agnès a quasiment finit celui sur le projet de l'oligarchie, à la fin du XIX ème siècle … Ça donne envie hein ? Aller, j'y retourne ! 

Agnès : merveilleuse baby-sitter !
No coment :)
 
Les lunettes d'Agnès lui vont si bien !!

Agnès, Andrea et Blandine à la crémaillère de Buenos Aires ( Blandine était encore réveillée jajaja) 
San Telmooo : ma quéééé ! 


P.S 1 : Oui, je copie l'idée d'Amandine (qui soit dit en passant, nous donne des complexes concernant la présentation de son blog : on ne pourrait mieux faire).

P.S 2 : Il fait un temps d'été ici ( c'est énervant, je sais).

P.S 3 : Et pas des moindre : dans une semaine, deux adorables blondes, désormais franco-argentines voyaient le jour au Havre et à New York . Je dis ça, je dis rien … 



 

dimanche 28 août 2011

En la facu y fuera


Tenir un blog régulièrement est un défi bien plus difficile à relever qu’il n’y parait… Cela va faire un mois que nous sommes en terrain argentin et quatre pauvres articles se battent en duel sur notre pseudo carnet de voyage. Enfin, carnet de voyage est un bien grand mot, car depuis notre court séjour à Buenos Aires nous n’avons pas bougé de La Plata… temps hivernal oblige (10 degrés en moyenne en journée, encore moins le soir) : et oui, nous sommes loin des températures tropicales de nos chères camarades costaricaines. Et puis, nos cours ont officiellement commencé depuis environ deux semaines. Je dis bien « officiellement » car officieusement je ne compte pas le nombre de fois où nous nous sommes levées, à grand renfort de café, la bouche pâteuse du vin de la veille, courant presque sur le chemin de peur d’avoir plus de 15 minutes de retard, pour finalement s’entendre dire que le prof, lui, n’a pas réussi à sortir de son lit. Le rythme est très particulier ici, et cela s‘en ressent dans les horaires universitaires. Nous ne commençons jamais avant 10 heures mais il n’est pas rare de finir la journée à 22h, assommée par quatre heures d’espagnol intensif.
 Notre faculté est un monde à elle- seule. Un petit détour par le département de lettre et vous voilà transportés dans un documentaire sur mai 68 : banderoles avec slogans politiques de tout bord (ou presque, les partis de gauche et d’extrême gauche étant sans surprise les plus représentés), tracts distribués par les étudiants à chaque cage d’escalier… et la possibilité de fumer dans la fac (bon, peut-être pas dans les salles de classe non plus), habitude perdue depuis bien longtemps dans nos chers établissements français.  Les locaux de l’université sont ceux de toute fac de lettre qui se respecte: je n’irais pas jusqu’à employer le mot "vétuste" , mais on voit bien que les « humanités » comme en France d’ailleurs, sont loin de bénéficier de traitements préférentiels de la part du ministère de l'éducation (il n’y a qu'à regarder la fac de droit juste en face pour se faire une idée).


Les murs des couloirs sont, sans exagération aucune, tapissés de banderoles et autres affiches politiques, renouvelées tous les deux jours par des étudiants très actifs dans la gestion de leur vie au sein de l'université. "UTOPIA" est le nom d'une des principales organisations étudiantes (ici, le pessimisme n'est pas de mise).
Les salles de classe sont loin d'être luxueuses et ne compte que peu de place. 

 L’ambiance est très « roots » ici, les étudiants faisant des allers-retours, qui pour aller fumer sa clope, qui pour aller se chercher un alfajores à la cafét. Et il y aura toujours un argentin pour amener son maté  accompagné d’un grand thermos et le faire partager à ses voisins pendant que le prof monologue sur l’indépendance économique du Rio de la Plata ou le caractère récurrent du populisme dans la politique argentine des années 40.  La relation prof-élève est différente ici, les cours étant plus conçus comme des moments de convivialité et de partage que comme un passage obligé en vue d’obtenir un quelconque diplôme. Les argentins qui nous entourent ont en général 24 ans ou plus car il n’est pas rare d’attendre et commencer ses études plus tardivement.

Etudiants buvant tranquillement leur maté sur le toit de l'université (servant accessoirement de terrasse). En réalité, ce n'est pas vraiment le toit, notre faculté étant composée de 7 étages, sans compter les trois sous-sol abritant la bibliothèque et les 4 amphis.

Après ce petit laïus sur le système éducatif argentin, je vais aller me coucher, la nuit dernière à Buenos Aires (oui, parce qu'entre temps [c'est-à-dire entre la fin et le début de l'écriture de cet article] nous avons passé le week-end à BA) n'ayant pas été de tout repos. Nota bene : en vrai (formule peu correcte mais petit clin d'oeil à une personne qui nous est chère à Juliette et moi. Sarah, je t'ai trouvé une rivale de taille), La Plata n'est qu'à une bonne heure de Buenos Aires en "collectivo" (bus, ici). Es decir que la vida loca est à nous pour 28 pesos aller-retour (soit 5 euros). Mettez ces parenthèses intempestives sur le compte de la fatigue. Finies las bromas privadas et autres informations au compte (encore?)-goutte. Voy a soñar.




Session pâte dans notre pauvre maison qui a mis plusieurs jours à s'en remettre (par vice de procrastination de notre part, je vous rassure), ce qui n'a pas vraiment plu à notre proprio, soit dit en passant. De gauche à droite : Lucia, Tati, Maialen et Midge (totalement imprononçable pour les hispanophones)

Nous savons varier les plaisirs. Dans une salle des fêtes de Buenos Aires pour les 80 ans (et oui, vous m'avez bien comprise) de la belle-grand mère (je viens d'inventer un nouveau degré de parenté) de Juliette. Au programme : séance powerpoint-émotion sur la musique de Dancing Queen et hommage arrosé de toute la famille à une vie bien remplie. Dulces et vin rouge à volonté.

Buenos Aires ou comment terminer sa nuit après 3 heures de boliche en surplombant la capitale et le Rio de La Plata (qu'on aperçoit derrière) du 19 ème étage d'un très sympathique appartement Barrio Recoleta. Merci à Juliette et ses contacts argentins.

dimanche 14 août 2011

Deux semaines déjà ...

Toujours pas de nouvel article depuis notre arrivée à « la casa ». Pourtant, on en a des choses à dire !

Contre toute attente ce sont d'abord des Français que nous avons rencontré. Adorables. Sus nombres ? Cédric y Florian ( les argentins n'arrivent pas à dire Cédric, et l'appellent Freddy (rien à voir, je vous l'accorde). Ils ont également quelques difficultés à dire Agnès et certains l'appellent Annie maintenant (inutile de préciser que ça n'est pas vraiment du goût de cette dernière).
Cédric et Florian sont en coloc' avec deux Mexicains répondant aux doux surnoms de Jésus (de son vrai prénom Mauricio) et le second Pépito ( Allan). Il en faut peu pour hériter de si jolis sobriquets : le premier a les cheveux mi-longs et Pépito eh bien … Selon Jésus (on n'oserait contredire le prophète) il ressemblerait au petit bonhomme des biscuits, celui qui dit toujours : « Ay Pepitoo ! » . Peu flatteur ? Ne soyons pas mauvaises langues, ici on utilise beaucoup le mot chamuchero pour parler de quelqu'un qui colporte des ragots.
Nous nous sommes vites rendues compte que l'Argentine c'est un rythme très particulier. La semaine de notre arrivée à La Plata nous avons enchaînées les soirées : celles-ci ne commencent jamais avant minuit et se finissent rarement avant 5h . Mais on parle là des grosses soirées, où l'on va tous se retrouver dans la maison d'un tel pour aller ensuite chez un autre et peut-être finir en boliche : en boîte de nuiiiit ! Il y a un monde fou dans les boîtes ici, c'est incroyable, mais l'ambiance est, et c'est unanime, bien meilleure qu'en France, à tous points de vue …
L'on peut aussi simplement se retrouver pour refaire le monde autour d'un maté, la boisson traditionnelle ici (cf : article précédent), qui se boit dans une calebasse, que l'on se passe chacun son tour . L'on peut aussi se faire passer d'autre substances, un peu plus illicites, mais tout aussi naturelles à ce qu'il me semble ( je ne peux vous en dire plus, n'y ayant bien sûr pas touché).
Les soirées peuvent s'éterniser donc . Mais quel est le secret d'une telle endurance ? Eh bien ici, l'on boit certes, mais de manière très mesurée. Et l'on ne consomme que peu d'alcool forts, si ce n'est le Fernet, le whisky local disons. Mais la reine des soirées, c'est la bière ! Elle n'est vraiment pas chère, et se consomme en grande quantité, elle. Quasiment personne ne boit de vin ici : vous imaginez notre désarroi Agnès et moi ( l'on tente d'y convertir les autochtones … avec difficulté cependant ). De toute façon le but n'est pas d'être borracho (bourré) à tout prix, mais plutôt de discuter et ce, pendant des heures et des heures de tout les sujets possibles et imaginables, même avec le premier venu . Les contacts sont donc très faciles à nouer.
A propos : gare à ceux qui traiteraient les latino d'arriérés (Alexandre, Gustin, Martin : c'est pour vous), considérant les pays d'Amérique du Sud comme en retard sur notre belle Europe …La culture tant littéraire que cinématographique des gens ici est vraiment très impressionnante.  Qu'il s'agisse des Argentins, des Mexicains, ou des Colombiens, ils nous parlent de Truffaut, Godard, Camus et Sartre mieux que nous ne l'aurions fait nous même.
Le niveau des cours à la fac s'en ressent également . On ne se contente pas de lire deux ou trois livres pas semestre en littérature, mais au moins une quinzaine, et il s'agit là de lectures absolument obligatoires. Les cours peuvent durer quatre heures parfois, avec des horaires comme 18h-22h … Un autre rythme je vous dis ! Pour l'instant, nous avons eu littérature latinoaméricaine, avec, (mon Dieu merci), un prof qui parle de manière très compréhensible. Nous avons également eu littérature contemporaine anglaise, (le cours est totalement en anglais), et là encore: bonne surprise, la prof parle de manière très distincte ( nous avons tout de même réussi à ne pas comprendre la lecture pour le cours prochain …). Mais l'on n'aurait pas pu continuer en si bon chemin: le mardi soir, nous étions dans un cours de littérature Agnès et moi, mais dans une salle différente . Nous n'avons rien compris à rien. Et les cours d'Histoire commencent la semaine prochaine : ça promet ! Il faudra qu'on choisisse trois cours à la fin de cette semaine ... Je crois qu'on va devoir inclure "cours de langue française" si l'on veut s'en sortir.

Nous n'aurions pas dû attendre pour faire un nouvel article, il y a tant de chose à raconter, que je ne sais par où commencer … Ou par où finir en l'occurrence. J'ai bien une idée tout de même pour égayer votre journée (pas très ensoleillée en France à ce qu'il paraît) : imaginez Agnès et moi, dans un cours de tango, les yeux bandés pendant près de deux heures, pour « apprendre à sentir le corps de notre partenaire »…
Le pire, c'est que ça nous a bien plu . 



           Jeudi soir, après notre deuxième cours de tango : de gauche à droite : Cédric, Lucia, moi, Annie, et en bas Margot et Tati .  

14/08/2011

Qu'est-ce que le bonheur, si non rentrer d'une soirée en chantant, à 9h du matin, et s'arrêter dans un parc sous un soleil de plomb, pour manger des alfajores tout en faisant de la balançoire ? . .

lundi 1 août 2011

En la casa !

Minuit trente deux en Argentine, 5H32 en France. Après une mémorable semaine passée à Buenos Aires, nous voici finalement arrivées à La Plata, dans la maison où nous allons passer les six prochains mois … Inch Allah (bon courage pour le ramadan qui commence aujourd'hui, lundi 1er août : Clem' chérie, je pense à toi) .
Et quelle maison ! C'est une fois de plus ma sainte ex-belle maman, Alejandra, qui nous y a emmené Agnès et moi, accompagnées de Santiago, mon petit frère : on l'oublie pas Santi', il sait se faire entendre:) . La casa es muy bonita ! Chaque pièce est peinte d'une couleur différente : jaune et orange pour la cuisine, d'où j'écris actuellement pendant qu'Agnès parle à sa cousine adorée sur skype depuis près de 2h, vert pomme et bleu cyan pour le couloir ( j'aurai du travailler chez Leroy Merlin moi), et rose pour l'entrée. La salle de bain est mauve et nos chambres … Multicolores je crois . On attends un coloc' allemand, un médecin il paraît. Ou peut être un étudiant en médecine. Je n'ai pas trop compris. Ce serait pratique un médecin quand même. Bref 
.



L'entrée de la maison

                                                         

La cuisine ( où on mange en manteau tellement il fait froid)
                                             


Mais celui qu'on attend surtout c'est … Juan Martin, le correspondant du propriétaire de l'appart' : Mathias, qui lui est en Espagne (sur son site internet, il dit qu'il a 99 ans : humour espagnol je suppose …. Ha ha ha). Parce qu'on a quand même quelques problèmes avec la maison : les toilettes ne fonctionnent pas, mais pire peut être encore : le chauffage non plus n'a pas l'air de bien fonctionner. Et ici, c'est l'hiver. Et là, je suis en manteau dans la cuisine, avec trois paires de chaussettes, et j'ai froid quand même. Alors on va le harceler le Juan Martin, parce que pour l'instant, « no parece muy concernado » nous a dit Ale' . Il va falloir qu'il se sente vite concerné là.

Mais c'est qu'on aura pas que ça à faire non plus . Déjà on doit trouver la fac … Pas évident . Et on doit s'inscrire, choisir nos matières … Il y a langue française par exemple : non merci, on a déjà donné . Mais il y a aussi Histoire contemporaine de l'Argentine : ça a l'air déjà mieux .

Parce que l'air de rien, la politique compte énormément en Argentine. Aujourd'hui c'était les élections del « intendiente » de Buenos Aires ( le maire). Et le vote est obligatoire ici. Les affiches pour les différents candidats se comptent par centaines, enfin non peut être pas, par quarantaines ici. On nous donne souvent des tracts dans la rue, avec leurs slogans et leurs photos. Parlons en des slogans : plus populiste tu meurs. La dame qui nous louait l'appartement nous a dit que c'était le sujet de préoccupation numéro 1 ici. Avec le futbol, ajoute t-elle d'emblée. Les émissions politiques sont également très nombreuses, mais nous pour l'instant, pauvres françaises au vocabulaire très limité, on ne comprends pas grand chose. Ça va venir il paraît … Du coup on achète les journaux d'ici, comme El Pais, Clarin, ou … Los Inrocks : la réplique exacte des Inrocks français (mais en couverture, des footballeurs). 

Les références à la fameuse Evita Peron sont partout dans la ville .
                                     

Ça se passe de commentaires là .
                                                    

   Le fameux stade de la Boca, qui a donné son nom au quartier éponyme, bien connu des touristes !

     
 L'une des nombreuses peintures murales du quartier : footbal encore, et toujours.
                 
Agnès a finit de parler à sa cousine, elle nous prépare un thé. Ah oui, après les empanadas,et les alfaroles, il y a une autre spécialité argentine qu'il faut avoir goûté : le maté, une sorte d'infusion, que l'on consomme beaucoup en Argentine, mais pas que . Cf : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mat%C3%A9 .
Mais là on va se contenter d'un thé à la pêche … Avec un alfarol : tout de même . 

 




dimanche 31 juillet 2011

Suite et fin de Buenos Aires...

Notre séjour à Buenos Aires s’achève, il est temps de plier bagage. Même si une semaine est loin d’être suffisante pour faire le tour de l’immense capitale, cette première approche nous laisse une agréable sensation, un souvenir doux et sucré comme après avoir manger un alfajores (spécialité argentine et délicieuse pâtisserie fourrée de dulce de leche), ce que nous ne nous privons pas de faire dès que nous passons devant une confiteria ou un magasin HAVANNA, soit dit en passant.


La devanture d'une des milliers de CONFITERIA de Buenos Aires


A force d’arpenter parcs et rues, d’emprunter bus et métro dans un sens ou dans l’autre, certains quartiers de la ville finissent par devenir familier. Buenos Aires est une ville à l’identité multiple, certains coins ressemblant à Paris, d’autres à New York ou à Londres ; de nombreux monuments sont aussi d’inspiration antique telle que l’imposante église surplombant la Plaza de Mayo. Et comme tout touriste qui se respecte, nous avons pris le bus jaune à deux étages qui fait le tour de la ville et passe par tous les endroits clé de la capitale : la Casa Rosada sur la célèbre Plaza de Mayo (oui, oui, encore celle-ci), le quartier touristique de la Boca et ses maisons aux couleurs de l’arc en ciel, el Congreso argentino… 

La Casa Rosada, siège du gouvernement argentin



Quartier de La Boca

Seulement, les organisateurs de ce « magical mystery bus tour » ont jugé bon de décapoter leur engin en ce temps hivernal et, de charmantes touristes françaises, Juliette et moi sommes passées à l’état de pauvres «babouchka » (dixit Mailis après son séjour en Russie).
De tous les quartiers de Buenos Aires, nous avons préféré celui de Palermo, avec son Jardin Zoologico (véritable Central Parc en plein cœur de la ville), ses maisons en brique et ses cafés aux airs londoniens dans le Palermo Viejo. 

Juliette au Jardin Zoologique

Andando por el barrio de Palermo Viejo...

El Microcentro, point névralgique de la ville traversé par son artère principale, l’Avenida del Libertador (nom qui fait référence à San Martin, figure mythique en Amérique Latine et particulièrement en Argentine pour avoir libéré le pays de la colonisation espagnole)  nous a au contraire paru étouffant à cause de ses immenses rues piétonnes et embouteillées.

Mais nous devons aussi cette découverte de Buenos Aires à Ale qui, porteña depuis sa plus tendre enfance, nous a baladé (et commenter qui plus est) les coins fameux de la ville. Pour terminer en beauté cette première excursion argentine, elle nous a emmenées le dernier jour à San Telmo, quartier des antiquaires connu pour son marché aux puces dominical. Le froid nous a conduit dans un café tapissé de photos d’actrices argentines des années 40 et dans lequel un couple dansait une milonga. Et malgré la torpeur de la serveuse, nous avons fini par gouter le fameux maté argentin (thé amer fait à base de yerba maté) bercé par un dernier air de tango.

Ale avec nous dans le bus jaune